PENSEE (il)lLIMITEE : Art, Pensée, Musique
"Tu es beau...Le parfait a besoin de défauts..."
Tom en pleine forme |
Pour souffler un peu, je voulais vous faire écouter cette chanson de VAN DEN LOVE, intitulée sobrement "Tom Cruise".
Elle est mal chantée, drôle et pleine de distance ironique....De quoi réjouir tous ceux qui ont tendance ces derniers temps à prendre la grosse tête.
Le site de Van Den Love : www.myspace.com/vandenlove- , leur dernier album s'intittule "All you need is love"...
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Viens danser Marie...
Gribouille |
Aujourd'hui c'est spécial...
J'ai appris qu'il a décidé de tirer sa révérence parce que la vie quelquefois c'est trop compliqué. C'est comme ça, il n'y a rien à dire...
Pour l'accompagner :
d' infinies caresses
et ce morceaux de la chanteuse Gribouille qu'il adorait
"viens danser Marie"...
cliquer en haut pour écouter
Site officiel de Gribouille : www.friendship-first.com/gribouille_fr
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Série figures populaires :I- Frankenstein (1) : un monstre pour créer de l’humain ?
inquiétante étrangeté qui a beaucoup nourrit Deleuze |
« Nous n’éprouvons pas d’horreur parce qu’un sphynx nous oppresse, mais nous rêvons un sphynx pour exprimer l’horreur que nous éprouvons » Borges
Personne n’ignore Frankenstein, le fameux monstre à la carrure disproportionnée, cependant peu se souviennent que Mary Shelley écrivit ce roman en 1816. Résumons rapidement son propos : le savant Victor Frankenstein fabrique un être à partir de morceaux de cadavres et sa créature se retourne contre lui.
Le roman de Mary Shelley a été éclipsé par la reprise dans la culture populaire de la figure de son monstre. L’image de la créature au front rapiécé que Boris Karloff a immortalisé dans le film de James Whale en 1931 a pour beaucoup éludé son roman.
Quelle ironie, nous pourrions dire que comme dans son œuvre, ce qu’elle a créé lui a échappé. Dans son introduction de 1831, elle-même qualifie son livre de « Hideuse progéniture », le livre est comme le monstre et le monstre c’est ce à quoi nous donnons naissance, il nous échappe toujours. Le fait est que ce mythe de Frankenstein ne cesse de se régénérer et on ne compte plus les thèmes relayant l’histoire du monstre et de sa fiancée.
Frankenstein ne cesse de nous interroger car ce qui se trame derrière cette histoire est : qu’est-ce qui rend l’homme humain ou inhumain ? Quelles sont ses frontières, jusqu’où peut-on aller ? Frankenstein, c’est l’histoire de l’homme moderne, celui pour qui Dieu est mort, celui qui peut re-créer son monde et son environnement naturel. Quelles sont ses limites, jusqu’où peut-il aller ?
Le mot « Monstre » vient du latin monstrum qui indique le prodige, l’étonnement suscité par un phénomène surprenant et exceptionnel. Certains étymologistes le font provenir de monestrum, dérivé de monere qui signifie » avertir, annoncer ». Le monstre fait l’annonce du châtiment à venir. Dans cette conception théologique, il est une création singulière et directe de Dieu. Il échappe aux lois de la nature et est le signe même de la toute puissance divine. Il est frappant de remarquer que, par exemple souvent,dans les pièces de Shakespeare lors des moments de basculement, monstres et catastrophes font leur apparition.
Par ailleurs, visiblement autre, le monstre donne aussi à voir le défaut moral par son apparence physique. Foucault définit le fous comme des monstres « qui doivent être montrés ”. D’ailleurs, jusqu’à la Révolution française, le monstre est l’occasion de spectacle, on se déplace pour voir les fous de Bicêtre et autres phénomènes de foire. Ainsi, je ne sais pas ce que je suis mais le monstre me rappelle ce que je ne suis pas. L’écart permet de confirmer la norme : le monstre est le garant paradoxal de mon humanité.
Pour ce qui concerne Frankenstein, celui-ci est formé de corps humains. Fait de bric et de broc, il demeure exclu. Créer une vie nouvelle est une tâche impossible. Il n’y a jamais rien de neuf dans l’univers. Toute création est condamnée à créer un monstre, c’est à dire un composé de vie, c’est une re-création. Le monstre n’est pas original.Victor refuse la sexualité, dans son désir de créer une espèce nouvelle rapidement, il rompt l’équilibre naturel. Il se rend coupable « d’hubris » scientifique tout comme Promethée, il n’hésite pas à voler les secrets de la Nature. Il outrepasse ses droits. Victor a projeté une part de lui à l’extérieur, et celle-ci mène une vie autonome et subjective. Peut-être pourrions rapprocher son acte de ce que Freud appelle« L’inquiétante étrangeté ». Il la définit comme « l’expérience au cours de laquelle on doute qu’un être en apparence animé ne soit vivant, et inversement qu’un objet sans vie ne soit en quelque sorte animé », cette expérience est à la limite de l’humain.
Cependant, il me semble que le glissement de l’humain à l’inhumain s’opère clairement dans le passage du monde » intime» (seul avec Victor) au monde "social". A la base la créature est vertueuse, il s’éduque et acquiert le langage,le monstre devient « inhumain » lorsqu’il mesure l’horreur de sa situation d’exception. Il demeure inclassable, inacceptable. «Souvenez-vous de ma naissance» hurle le monstre dans une colère pleine de vengeance lorsque Victor lui refuse l’accès à un bonheur normé, c’est à dire la possibilité d’entrer dans une famille. La créature se retourne alors contre son créateur. Cliquer sue les photos pour les agrandir.
Lire: Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne. Trad.Germain Hangest, Garnier Flammarion.1979 Honoré de Balzac, la recherche de l’absolu, in La comédie humaine, t.X , Gallimard ,la Pléiade , 1979
Voir :
Metropolis de Fritz Lang, 1927
La suite dans un prochain épisode… Je vous développerai les fantasmes de Victor, de Mary et je vous parlerai un peu des frères Chapman.
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le texte est formidable. J'aprécie la comparaison du travail -forcené- avec la danse de St Guy.. Je vais relire. Remarque subsidiaire : il y a toujours la possibilité oblique de bricoler un mi - temps, de dégager ce que l'on appelle du temps libre.
J.M.